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Collections

Que risquent les collections ?

  • Les établissements étant fermés depuis le 15 mars environ, les collections ne sont pas (ou plus) contaminées par le coronavirus. (HCSP chap. 12)
  • Les établissements étant fermés, les collections ne risquent pas de dommages mécaniques.
  • Les risques pour les collections sont ceux d’un bâtiment fermé, en fonction des faiblesses de chaque bâtiment, identifiées dans le plan de sauvegarde des collections.

Rappels sur le Covid-19 et sa persistance sur les matériaux

En premier lieu, il est nécessaire de rappeler que les virus ne peuvent pas se répliquer en dehors de cellules vivantes à la différence des moisissures et bactéries de l’environnement. Il n’y a donc aucun risque de détérioration des matériaux des documents/objets même s’il y a présence de virus sur ces supports.

Selon l’état des connaissances actuelles, le virus (SARS-CoV-2) du Covid-19 se transmet principalement (source : Institut Pasteur de Lille, Santé publique France…) :

  • par inhalation de virus projeté sous forme de gouttelettes émises lors de la toux, des éternuements, mais aussi lorsque l’on parle (postillons) ;
  • par contact direct avec une personne infectée : poignée de mains, accolade, embrassade ;
  • par contact indirect : contact de la main avec des objets ou des surfaces contaminés (car touchés par une personne infectée et contaminante) puis contact de la main contaminée avec la bouche, le nez ou l’œil. Ce dernier mode de contamination doit notamment être pris en considération pour ce qui concerne les collections, matériels et mobiliers des bibliothèques.

La contamination par contact indirect est donc déterminée par la durée de vie du virus. D’après les résultats de deux études publiées  en février et en mars 2020*, la durée de vie du virus (SARS-CoV-2) sur les surfaces est faible, variant de quelques heures à quelques jours selon la nature des matériaux, la charge virale présente sur les surfaces et les conditions thermo-hygrométriques.

* Études publiées :
– Menée par des scientifiques des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), de l’Université de Californie à Los Angeles et de Princeton Van Doremalen N, Bushmaker T, Morris DH, et al. ​Aerosol and Surface Stability of SARS-CoV-2 as Compared with SARS-CoV-1​. New England Journal of Medecine (2020) published online March 17. https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMc2004973?query=featured_home
​- Kampf, G. et al.​​Persistence of coronaviruses on inanimate surfaces and their inactivation with biocidal agents. Journal of Hospital Infection, Volume 104, Issue 3, march 2020, 246 – 251.​​https://doi.org/10.1016/j.jhin.2020.01.022

En synthèse, il est estimé à ce jour que le SARS-CoV-2 reste viable :
3h dans l’air sous forme d’aérosols (particules <à 5µm)
24h pour le carton 
48h pour les textiles 
3-5 jours pour les métaux, le papier et le verre
4-5 jours pour le bois
3-9 jours pour les plastiques

D’autres données peuvent circuler, et il convient, en raison du faible nombre d’études dont nous disposons à ce jour sur le SARS-CoV-2, d’être extrêmement prudent dans l’interprétation de ces résultats et des temps de quarantaine pouvant être préconisés par d’autres secteurs professionnels. Il convient en effet de bien garder à l’esprit que les documents de bibliothèques sont soumis à des manipulations multiples et variées, tant dans les établissements qu’au domicile des emprunteurs, à la différence des objets similaires pouvant être conservés en musées ou en services d’archives.

Désinfecter et mettre en quarantaine

Afin de tenir compte de tous ces paramètres et d’apporter toute garantie que le virus n’est plus viable, la durée de quarantaine la plus prudente qu’il est conseillé d’adopter, en l’absence de désinfection des documents, est de :

72h pour les documents plastifiés ou sous boîtiers plastique, etc.
24h pour les documents papier ou cartonnés

  • Documents demeurés en bibliothèques et non manipulés durant le confinement

Au vu des résultats évoqués plus haut, les ouvrages qui n’auront pas été manipulés pendant toute la durée du confinement, y compris ceux qui auraient pu être éventuellement contaminés avant le confinement, ne seront plus à risque et seront manipulables sans action complémentaire de désinfection à la reprise des activités. Cela vaut également pour les rayonnages et mobiliers.

Il est donc inutile de prévoir une désinfection des collections restées dans les locaux de la bibliothèque pendant le confinement, ni des rayonnages et mobiliers. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande de se contenter d’un nettoyage simple et d’une aération des locaux (“si l’ERP était complètement fermé pendant le confinement et n’a pas été fréquenté dans les 5 derniers jours ouvrés avant la réouverture, la présence du SRAS-CoV-2 encore infectant sur des surfaces sèches est négligeable.”) 

  • Documents prêtés, lors de leur retour et documents en libre accès
  1. Documents papier sans éléments de plastique : mise en quarantaine de 24h minimum.
  2. Documents papiers (monographies ou périodiques) avec couverture plastifiée :
  • mise en quarantaine de 72h
  • ou désinfection des couvertures avec une lingette imprégnée d’éthanol ou isopropanol à 70% en respectant bien le temps de séchage, suivie d’une mise en quarantaine de 24h avant réintégration en rayonnages, afin de s’assurer que le virus n’est plus viable sur les surfaces papier.
  1. Documents plastiques (CD, DVD, boîtiers, etc.) :
  • mise en quarantaine de 72h
  • ou désinfection avec une lingette imprégnée d’éthanol ou isopropanol à 70% en respectant bien le temps de séchage, suivie d’une mise en quarantaine de 24h s’il y a des documents papier dans les boîtiers de CD ou de DVD tel que livret. En l’absence de documentation papier tel que livret à l’intérieur des boîtiers, ils pourront réintégrer les rayonnages. 

Pour une gestion plus efficace de cette mise en quarantaine et en fonction de la volumétrie des documents retournés à la bibliothèque, une même table/même rayonnage peut accueillir les documents arrivés le même jour, en notant à chaque fois sur une feuille de papier fixée à cette table/rayonnage la date de retour à la bibliothèque et la date prévue de remise en rayonnages à l’expiration du délai de quarantaine.

En l’absence de local de quarantaine dédié, un espace spécifique (partie de magasin ou de salle de lecture facilement modulable et isolable) pourra être aménagé, avec des rayonnages disponibles et/ou des tables sur lesquels entreposer les documents, en veillant bien à ce que cet espace ne soit pas accessible au public. Les surfaces de ces éléments de mobilier pourront être nettoyées au chiffon humide, traitement complété par un chiffon imprégné d’éthanol ou isopropanol à 70% au minimum une fois /jour.

NB : tout autre produit est déconseillé pour la désinfection des documents (dont le vinaigre blanc, les produits chlorés, les ammoniums quaternaires….).

En tout état de cause, une bibliothèque qui ne serait pas en mesure de disposer en son sein d’un espace isolé du public pour la mise en œuvre de cette opération de quarantaine peut :

– soit mobiliser un espace extérieur pour y stocker les documents prêtés avant la mise en place du confinement et retournés ;

– soit renoncer à organiser un service de prêt de documents après le déconfinement, qui impliquerait des allers et retours trop compliqués à gérer et dangereux entre la bibliothèque et le local de stockage.

Signalement au catalogue de l’indisponibilité d’un document en quarantaine

Si le logiciel SIGB le permet, il sera très utile d’indiquer le statut « en quarantaine », voire le calendrier de quarantaine, pour éviter de chercher un document en libre-accès ou en magasin et en empêcher la réservation par un lecteur avant la fin de la période de quarantaine.

Quid des jeux de société ?
Les jeux de société étant composés de papier, carton et plastique, il est recommandé 72h de quarantaine.
L’ALF (Association des ludothèques françaises), a également mis en ligne une information à ce sujet : http://www.kananas.com/associationdesludothequesfrancaises/info-coronavirus/